Sunday, May 15, 2016

Interview avec Sr. Patricia Massart

Sr. Patricia Massart and le petit Gaspard



Sr. Patricia est belge. Actuellement elle habite à Evere Campus Eureka, en Belgique. Elle rend beaucoup de services aux personnes/Sœurs âgées et à la communauté.

Hélène Kavula Bikwe : Réfléchis sur toute ton expérience avec la congrégation SMNDA. Rappelle-toi un moment où tu t’es sentie très vivante, très participante, spirituellement touchée, ou le plus enthousiasmée par ton engagement. Raconte-moi cette expérience mémorable que tu as eue avec les SMNDA.

Patricia: Tout au long de ma vie, j’ai connu beaucoup de belles expériences. Aujourd’hui, je voudrais me souvenir d’une expérience vécue au temps de mes vœux temporaires. Après l’année de Ste Marie à Alger, j’ai été nommée à Bunia (RDC) dans la communauté du noviciat des Sœurs Servantes de Jésus (Watumishi wa Yezu). J’y suis arrivée le 24 septembre 1959, je venais d’avoir 25 ans.

A l’époque, une cinquantaine de novices, postulantes et aspirantes vivaient au noviciat. Les aspirantes et les postulantes suivaient des cours dans une école ménagère pédagogique. Deux jours après mon arrivée, sans connaitre la langue, sans aucun diplôme, j’étais nommée enseignante dans cette école ménagère, avec un horaire plein. De plus, en deux ans, j’ai eu trois supérieures différentes !!! 

A cette époque, la supérieure était toujours responsable des jeunes professes. Ces dernières étaient habituellement plusieurs dans une communauté. La supérieure les réunissait régulièrement pour la lecture d’un livre, suivie d’échanges. Elle recevait aussi la jeune professe une fois par mois.

Les deux premières années furent très dures pour moi. J’étais enseignante sans formation, j’avais un  horaire trop plein, peu de réel partage de mon vécu. Les contacts avec la supérieure régionale n’étaient pas possible suite aux difficultés du pays et au peu de moyens de communication. Bien sûr, pas d’internet à l’époque. Je me sentais mal et je croyais que je ne serais pas admise à mes vœux perpétuels et pourtant j’aimais tant la congrégation. Je me sentais un faible arbrisseau! Je n’avais qu’un appui sûr: Jésus, mon époux et je priais beaucoup, surtout avec les textes de prophètes de l’Ancien Testament. Mon amour de la Bible m’aidait.

En septembre 1961, à la suite de la visite de la supérieure générale, il y eut de grands changements aussi bien dans la communauté que dans les activités apostoliques. L’école ménagère fut rattachée à l’école normale. Une autre supérieure fut nommée dans la communauté du noviciat; elle était en même temps maitresse des novices des Sœurs Servantes de Jésus. C’était une sœur appréciée pour sa droiture. Elle parlait clairement de ce qui allait bien, comme de ce qui n’allait pas. Je la sentais vraie et j’acceptais avec reconnaissance ce qu’elle me disait pour mon bien.

Moi-même j’étais chargée des cours de bible, liturgie, chant pour les postulantes et les novices. C’est vraiment ce qui convenait à mon tempérament et mes capacités. Je m’occupais aussi de la buanderie, de surveillances à droite et à gauche et de cinq cours à l’école ménagère pédagogique. Une fois par mois j’accompagnais une sœur ancienne dans les succursales. Cette sœur connaissait très bien les coutumes et le kibira (langue de l’endroit) et elle m’initiait. Quel bonheur de profiter de sa longue expérience.

J’ai retrouvé dans mes lettres ce que j’écrivais à ma famille:  « Je n’ose croire à mon bonheur, car tous mes désirs se réalisent: donner des cours de Bible, de liturgie, de chant, de musique, découvrir les gens là où ils vivent. Je vis comme un rêve. Nous formons une communauté avec quatre smnda et trois Srs Servantes de Jésus qui se préparent à prendre des responsabilités dans leur congrégation. Nous essayons de mieux nous connaître et de nous aimer sincèrement».

Trois ans me séparaient de mes vœux perpétuels. Je vivais mon don au Seigneur avec la ferveur du temps de mon noviciat. L’émerveillement, l’enthousiasme, la reconnaissance d’avoir été choisie et appelée par Jésus dans cette famille missionnaire m’habitait.
J’ai toujours aimé la congrégation comme j’aime ma famille. J’aime dire que j’ai deux grandes familles qui sont chères à mon cœur.

Il me semble que j’ai pu vivre ce temps de paix, de joie avec intensité parce qu’il avait été précédé d’un temps de désert, d’épreuve pendant lequel, je ne pouvais compter que sur le Seigneur.

En même temps j’avais découvert que la congrégation me donnait des « vivres » pour la route.

Sœur Marianne Muja Kamunazi (+1992) appelait ce cadeau de la congrégation « avoir une colonne vertébrale ». Des temps de prière réguliers, des moments de silence, des sœurs avec qui vivre une vie communautaire: repas, détente, réunions, et de notre temps, lectures spirituelles ensemble, une supérieure qui aidait à marcher à la suite de Jésus. Tout cela pour vivre la Mission le plus intensément possible.

Vivre en communauté internationale, caractéristique des SMNDA, m’avait attiré. Or à cette époque-là, pour diverses circonstances, dans les communautés du Congo, il y avait une grande majorité de Belges. A Bunia, grâce à Dieu, j’ai vécu pendant trois ans en communauté avec des sœurs Congolaises .Ce fut une richesse et parfois  un défi.

Les SMNDA ont permis que continue ce qui avait été commencé en moi, dans ma famille : m’épanouir dans tous les domaines: humain, chrétien, spirituel, culturel, intellectuel. Afin que tout mon être soit au service de la Mission et que je réponde jour après jour à l’appel de Jésus. Je continue cela dans la joie jusqu’au jour où le Seigneur m’appellera près de Lui !

Hélène: Qu’est-ce qui en fait une expérience passionnante ?

Patricia: Le courage et la joie de « sortir pour aller vers », la rencontre d’autres culture, peuple malgré que la langue faisait défi. ‘’Etre tout a tous’’ Le partage et l’amour de la mission m’aidaient à prendre au sérieux mes responsabilisées et de trouver ma place dans la communauté de tant de personnes. Le bonheur de profiter de ma longue expérience qui a fait réalisé mes désirs : donner les cours, découvrir les gens là où ils vivent. Puis le fait d’essayer de mieux nous connaître et de nous aimer sincèrement dans la communauté interculturelle.

Hélène: Qui était impliqué ?

Patricia: La communauté.

Hélène: Décris comment tu t’es sentie.

Patricia: Je me sentais un faible arbrisseau ! Je n’avais qu’un appui sûr : Jésus mon époux. J’ai pu vivre ce temps de paix, de joie avec intensité parce qu’il avait été précédé d’un temps de désert, d’épreuve pendant le quel je ne pouvais compter que sur le Seigneur. Je me sentais aussi soutenue par la communauté.

Hélène: Décris ce que tu as fait suite à l’expérience.

Patricia: J’ai le temps de partage, de prières régulière, moment de silence et de lecture spirituelle. J’ai aussi eu mes sœurs avec qui vivre la vie communautaire et la mission.

Hélène: Maintenant, quelles sont les choses que tu apprécies profondément au sujet des SMNDA ? Quand tu te sens le mieux en tant que SMNDA, qu’est-ce que tu apprécies en toi-même ? Quelle est la contribution la plus importante que les SMNDA ont apportée à ta vie ?

Patricia: La vie communautaire internationale, interculturelle; marcher à la suite du Christ, apprendre la langue, vivre dans la réalité.

Quand  je me sens mieux en tant que SMNDA , j’apprécie : je suis reconnaissante d’avoir été choisie et appelée par Jésus dans cette famille missionnaire, le sens d’appartenance et l’amour de la congrégation.

La contribution la plus importante que les SMNDA ont apportée à ma vie c’est vivre pour la route, dans la réalité.

Hélène: D’après toi, quelle est la valeur fondamentale des SMNDA ? Quelles sont les valeurs qui donnent vie à ta Congrégation ? Qu'est-ce qui, si cela n’existait pas, rendrait la Congrégation des SMNDA totalement différente de ce qu'elle est actuellement ?

Patricia: La valeur fondamentale des SMNDA pour moi c’est l’enracinement en Christ qui nous unit; l’inter culturalité et le fait d’être exclusivement missionnaire.

Les valeurs qui donnent vie à la congrégation sont l’attachement à Jésus-Christ et l’amour de l’Afrique ; la foi, l’honnêteté, la droiture et la simplicité.

Le fait de vivre en communauté inter culturelle/internationale et d’être exclusivement missionnaire fait que la congrégation est ce qu’elle est actuellement.




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