Friday, May 6, 2016

Interview avec Sr. Sophie Kitoga

Sr. Sohie Kitoga au milieu

Sr. Sophie est congolaise. Actuellement elle habite dans la communauté de Bukavu-Plateau. Pour le moment, elle est en convalescence.

Julienne Bouda : Réfléchis sur toute ton expérience avec la Congrégation SMNDA. Rappelle-toi un moment où tu t’es sentie très vivante, très participante, spirituellement touchée, ou le plus enthousiasmée par ton engagement. Raconte-moi cette expérience mémorable que tu as eue avec les SMNDA.

Sophie : Nous venions de la messe un groupe de jeunes enseignantes qui aspirions à la vie religieuse. Nous pensions qu’on ne pouvait être que des religieuses diocésaines. Il y avaient les Trappistines et les Franciscaines. Toutes ne pensaient qu’à ces deux Congrégations. Alors, à la rencontre d’une Sœur Blanche, une de mes camarades déclara : « Ce que Sophie voulait c'est d'être Soeur blanche.» Je voulais et pensais, mais n’avais pas su le dire clairement à ce moment-là. A la question de la sœur de savoir si c’était vrai, j’ai dit oui. Je lui ai demandé si les Sœurs Blanches pouvaient m’accepter et la sœur a dit oui. La joie au cœur, je me sentais confirmée. Cette sœur s’appelait sœur Lucrette et elle est décédée en 1962.

Quand la sœur me demanda pourquoi je voulais être sœur Blanche, je lui répondis: « C’ est parce que ce sont les Pères Blancs et les Sœurs Blanches qui nous ont apportés La Bonne Nouvelle» Je voulais m’unir aux sœurs pour apporter la Foi, La Bonne Nouvelle à d’autres. La sœur m’a dit: « Si tu veux être diocésaine, tu appartiendras à l’Evêque. Mais si tu veux être missionnaire, il faut lui demander la permission»J’ai demandé à l’évêque pour être missionnaire. Il m’a découragée me disant que c’était de l’orgueil de laisser les Noirs pour aller chez les Européens.


J’ai continué à cheminer avec les sœurs. Ma compagne Adrienne à continuer à m’encourager. En ce moment-là, la Supérieure Provinciale était Mère Hipolita. Elle m’a proposé d’écrire à la Supérieure Générale, Mère Louise Marie. J’ai écrit la lettre mais la réponse tardait à venir. Mais quand c’était venu, c’était  positif.

Comme obstacle, j’ai regardé le film du Père Devlo sur les lépreux et cela m’était difficile. Je me posais des questions dès lors, si je suis capable de travailler avec les lépreux. Cela m’a troublée et on a dû m’amener chez un Père accompagnateur qui m’a calmée.

Arrivée en communauté, j’étais heureuse. La plupart des sœurs étaient des enseignantes. Quelques-unes étaient des infirmières. Mes compagnes de formation étaient : Christiane Simon, Patriciat Massart, puis Micheline de Pelshenere qui a quitté la congrégation. Je n’ ai pas été admise sur place pour les vœux, mais après 6 mois j’ étais admise aux vœux et  étais envoyée à la maison Mère en Algérie. Après 6 mois on m’a envoyée à Paris pour l’étude de la Théologie. J’ai travaillé dans la formation des religieuses, des catéchistes,… Je suis entrée définitivement au Congo en fin 2006.

Julienne : Qu’est-ce qui en fait une expérience passionnante ?

Sophie : J’étais attirée par la Bible. J’y trouve toujours Dieu, Jésus, nos traditions africaines. J’ai été envoyée au Burundi. Là, j’ai enseigné la religion, la catéchèse et la musique, puis au Rwanda où j’étais bien accueillie. Je n’ai pas senti la jalousie des sœurs comme maintenant. En 1965, j’étais envoyée à Kalémie, en 1970 à Bunia. Là aussi j’ai senti la jalousie. C’était très dur. J’ai donc demandé de me retirer pour réfléchir. Mon expérience avec la Congrégation était bonne. J’ai aussi fait une expérience avec nos sœurs africaines à Kinshasa. C’était une bonne expérience et beaucoup d’évêques et d’ autres Congrégations ont apprécié cela.

Après Kinshasa, j'ai été envoyée au Burkina Faso pour une année.

Julienne : Qui était impliqué ?

Sophie : C’est la Congrégation, mes compagnes, l’Eglise, le Cardinal Gautier, un béninois étudiant à Régina Mundi.

Julienne : Décris comment tu t’es sentie.

Sophie : Il y avait le découragement dû au comportement raciste de certaines sœurs. Je me questionnais sur notre internationalité et sur notre interculturalité. Après cinq ans à Rome, c’était la Tanzanie où j’ai vécu de 1983 à 2007 à Mbea. J’ai fait une année sabbatique. Je me sentais confirmée que ma place était chez les sœurs Blanches. En 1999, je suis repartie en Tanzanie, à Dar-es-Salam pour deux ans où j’ai travaillé avec les femmes.

Julienne : Décris ce que tu as fait suite à l’expérience.

Sophie : J’ai fait une crise, lorsque dans les années 1970, je remarquais que les sœurs africaines n’étaient pas acceptées. Je me suis retirée pour réfléchir et j’ai rejoint la congrégation en 1973.
Julienne : Maintenant, quelles sont les choses que tu apprécies profondément au sujet des SMNDA ? Quand tu te sens le mieux en tant que SMNDA, qu’est-ce que tu apprécies en toi-même ? Quelle est la contribution la plus importante que les SMNDA ont apportée à ta vie ?

Sophie : J’apprécie l’internationalité et l’inter-culturalité, espérant que nous allons continuer cela. Réfléchir sur sa culture et enrichir les autres.

En moi-même, j’apprécie le fait que je peux partager ce que je suis avec les autres. J’apprécie la liberté d’être moi-même dans la vie des SMNDA.

Julienne : D’après toi, quelle est la valeur fondamentale des SMNDA ? Quelles sont les valeurs qui donnent vie à ta Congrégation ? Qu'est-ce qui, si cela n’existait pas, rendrait la Congrégation des SMNDA totalement différente de ce qu'elle est actuellement ?

Sophie : La valeur fondamentale des SMNDA c’est la Mission en Afrique, l’internationalité et l’inter-culturalité, la liberté (même d’être à la cuisine, préparer les menus que l’on veut), la vie spirituelle.

La vie spirituelle chrétienne des SMNDA s’affaiblit. Il faut que nous fassions attention. Nous sommes des religieuses missionnaires et non pas des volontaires.

L’amour entre nous doit être fort et authentique.  Une de nos sœurs dont la santé était fragile disait : « Aimons-nous donc mes sœurs», juste comme Mère Marie Salomé nous recommande.

No comments:

Post a Comment